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Violences envers les femmes

Prostitution : travail du sexe ou exploitation sexuelle?

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Chantal Dubois • Intervenante, CALACS-Laurentides

Le CALACS-Laurentides est un organisme communautaire autonome spécialisé en violence sexuelle. Sa mission s’articule autour de trois volets d’action : aide, prévention et lutte. L’aide directe est offerte aux adolescentes et aux femmes ayant vécu des agressions à caractère sexuel.

La prostitution, débat d’actualité à l’échelle internationale…comment s’y retrouver?

« Depuis une trentaine d’années, la prostitution s’est développée à un rythme accéléré à l’échelle planétaire, jusqu’à devenir une véritable industrie. Dans le contexte de la mondialisation et des nouvelles technologies de communication, des groupes liés au crime organisé recrutent, transportent et exploitent des millions de femmes et d’enfants à travers le monde. Ce débat divise profondément tous les milieux, tant au niveau national qu’international. Deux courants de pensées s’affrontent : l’un préconise la libéralisation de la prostitution et sa professionnalisation, l’autre la dénonce comme la pire forme d’exploitation sexuelle contre laquelle il faut lutter sans relâche.1 »

Comment s’y retrouver pour pouvoir adopter une position éclairée? Face à cette situation, le Regroupement québécois des CALACS a étudié la question en profondeur et recensé les constats suivants :

  • 80 % des personnes prostituées entrent dans la prostitution alors qu’elles sont mineures.
  • Les proxénètes utilisent toutes sortes de stratégies trompeuses, coercition pour recruter les filles et les femmes : mensonge, trahison et manipulation.
  • 85 % des personnes qui se prostituent ont vécu des agressions sexuelles dans leur enfance.
  • 70 à 90 % des femmes qui se prostituent ont subi de la violence physique de la part des clients.
  • La majorité des proxénètes exercent de la violence envers les personnes prostituées.
  • La prostitution locale est indissociable de la traite nationale et internationale.

Pour les CALACS, la prostitution relève de l’exploitation sexuelle des femmes et à ce titre, elle fait partie des nombreuses formes de violence sexuelle contre lesquelles les CALACS luttent, notamment par des activités d’information et de prévention.

La prostitution est une pratique d’inégalité entre les sexes, puisque la grande majorité des personnes qui se prostituent sont des femmes et des filles, et la majorité des proxénètes et des acheteurs sont des hommes.

Légaliser la prostitution, c’est légaliser l’inégalité entre les hommes et les femmes.

LES RESSOURCES

Avis « La prostitution : il est temps d’agir», Conseil du statut de la femme, 2012

www.lacles.org

Film L’imposture par Ève Lamont

FAITS SAILLANTS

Lors de la conférence, une vidéo intitulée « La prostitution, un métier pas comme les autres » est présentée. Certaines participantes ont affirmé que le visionnement et la conférence ont aidé à éclaircir leur position. En effet, après coup, elles se sont déclarées abolitionnistes.

La vidéo présente des faits méconnus, comme le syndrome post-traumatique, qui est plus élevé chez les femmes qui se prostituent que chez les soldats. Aussi, la moyenne des décès des femmes qui se prostituent est de 34 ans. Également, on apprend que 80% des prostituées ont commencé à se prostituer alors qu’elles étaient mineures, l’âge moyen étant de 14 ans.

On retrouve beaucoup de similarités entre le comportement des prostituées et des femmes victimes de violence conjugale ; elles font du déni, elles se dissocient pour « passer au travers ». Aussi, comme dans les cas de violence, les proxénètes utilisent la tromperie et la manipulation pour arriver à leurs fins.

Dans les sociétés où on accorde peu d’importance aux femmes, il y a plus d’agressions faites contre les femmes qui se prostituent.

« La prostitution est à la société ce que l’inceste est à la famille » Dre Judith Trinquart (Sisyphe)

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