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Autonomie économique des femmes

Pourquoi les femmes gagnent-elles moins que les hommes?

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Carole Vincent • Économiste et consultante indépendante

Carole Vincent est économiste et consultante indépendante. Depuis 20 ans, elle mène des recherches qui soutiennent et informent l’élaboration de politiques favorisant l’autonomie économique des personnes, surtout en lien avec leur participation au marché du travail.

L’importance des choix éducationnels et professionnels des femmes

Malgré les progrès remarquables que les femmes ont réalisés en matière de scolarisation, elles continuent d’afficher un revenu de travail inférieur à celui des hommes. Aujourd’hui, le salaire horaire moyen des femmes qui travaillent à temps plein au Québec représente environ 90 % de celui des hommes. On doit se réjouir que l’écart salarial entre les sexes se soit atténué au cours des récentes décennies, mais pourquoi un écart persiste-t-il?

La recherche sur le sujet nous enseigne que le fait que les femmes soient peu présentes dans certains métiers et professions contribue de façon importante aux écarts salariaux entre les sexes. Malgré des percées récentes dans des domaines plus traditionnellement masculins, les femmes sont trop peu nombreuses à choisir des parcours professionnels plus payants. Elles continuent d’être concentrées dans un éventail plus restreint de professions et de secteurs d’activités que les hommes et forment la majorité des travailleurs qui occupent les emplois les moins bien payés et les postes subalternes. En particulier, la forte concentration des femmes dans le secteur de la santé serait un facteur-clé expliquant les écarts salariaux entre les sexes au Canada.

« La promotion de la diversification des choix de carrière des femmes serait possiblement le meilleur outil de lutte aux inégalités économiques entre les femmes et les hommes. »

Il est crucial d’encourager les jeunes femmes à élargir leurs horizons quant aux domaines d’études qu’elles choisissent. Il faut sensibiliser tous les acteurs du monde du travail – employeurs, travailleuses et travailleurs, syndicats – afin que le plus grand nombre reconnaisse la persistance des stéréotypes de genres en milieu de travail et les coûts associés à leurs effets néfastes, tant d’un point de vue personnel que collectif. L’atteinte d’une masse critique de femmes dans toutes les sphères d’activités est fortement liée à la reconnaissance qu’il y a de bonnes raisons d’affaires à embaucher des femmes et à mettre en œuvre des pratiques efficaces pour les garder en emploi.

En somme, il faut sortir les femmes du ghetto des emplois mal payés et valoriser leur contribution économique et sociale. C’est par là que passe la réelle égalité.

FAITS SAILLANTS

Lors de la conférence, les raisons invoquées par les congressistes pour expliquer l’écart salarial entre les hommes et les femmes sont les suivantes :

  • Les femmes osent moins demander des salaires à la hauteur de leurs compétences et des augmentations.
  • Les emplois masculins sont mieux rémunérés que les emplois féminins. Ex : Le milieu de la construction qui emploie 1,3 % de femmes seulement
  • Le marché du travail est compétitif; les femmes ayant ou pouvant avoir des enfants sont mises de côté. On discrimine, les femmes font plus souvent du travail à temps partiel.
  • La société patriarcale favorise les hommes et retranche les femmes à leurs rôles stéréotypés : éduquer les enfants, être au service de la famille et prendre soin des siens.
  • Dans la conciliation travail-famille, les femmes sont pénalisées.  Elles sont plus souvent absentes pour des raisons familiales, même si elles sont en couple.
  • La société s’attend à ce que la mère soit disponible en tout temps pour son/ses enfant(s). La femme se croit aussi la plus apte à s’occuper de ses enfants.
  • Les femmes négocient plus des conditions de travail que des salaires. En négociation, le modèle masculin est la confrontation et les femmes seraient moins à l’aise avec ce modèle.

Madame Vincent met aussi en lumière des données de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui démontrent l’écart de gains important entre mères et non mères : Les femmes sans enfant gagnent nettement plus que celles qui en ont. Plus le nombre d’enfants augmente et plus l’écart s’agrandit.

Pistes de solution

Madame Vincent affirme que l’accompagnement des filles dans leur cheminement scolaire est important pour défaire les barrières érigées qui favorisent l’écart salarial.  Aussi, un travail de reconnaissance des emplois dits traditionnellement féminins doit être fait. Comme il a été dit dans les raisons expliquant l’écart salarial, les emplois « féminins » font références aux rôles traditionnels.  Or, ces rôles sont essentiels et doivent être payés à leur juste prix. Les conditions de travail doivent être améliorées  et une véritable volonté d’inclure les femmes dans les emplois non-traditionnels doit être démontrée.  Il est maintenant établi que la mixité des équipes augmente la qualité du travail.

DOCUMENT

Voici à votre disposition le fichier PDF en lien avec l’atelier.

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